22 oct. 2025

SRISK : mesurer la résilience des banques en cas de crise

Beyond Finance

Karim

Er-Rachdi

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22 oct. 2025

SRISK : mesurer la résilience des banques en cas de crise

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SRISK : mesurer la résilience des banques en cas de crise

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Ce que vous allez retenir

Le SRISK

  • Mesure le capital manquant d'une banque en cas de krach boursier

  • Va au-delà du risque individuel : évalue l'impact sur tout le système financier

  • Basé sur 3 éléments : fonds propres, endettement et pertes attendues en crise

  • Agrégable : permet de calculer la fragilité globale d'un secteur ou pays

  • Utilisé par les régulateurs pour anticiper les crises et définir les exigences en capital

En finance de marché, la question essentielle n’est pas seulement de savoir combien une banque peut gagner, mais surtout combien elle peut perdre si le marché s’effondre. Les crises de 2008 et de 2011 ont rappelé que les grandes institutions financières ne tombent jamais seules : lorsqu’une banque vacille, c’est souvent tout un système qui tremble.

C’est dans ce contexte qu’a été développé le SRISK (Systemic Risk via Capital Shortfall), un indicateur conçu pour mesurer le capital manquant d’une banque en cas de crise sévère.

Pourquoi le SRISK ?

Traditionnellement, on mesure les risques financiers avec la Value-at-Risk (VaR) : une estimation des pertes maximales sur une période donnée, avec une probabilité donnée. Mais la VaR est une mesure individuelle : elle ne dit rien de l’effet contagion d’une institution sur le reste du système, ni de la capacité réelle d’une banque à absorber des pertes massives.

Le SRISK va plus loin. Il répond à une question simple :
“Si le marché chute brutalement, combien de capital manquerait-il à cette banque pour rester solvable ?”

Autrement dit, c’est une mesure de la résilience systémique.

Comment est-il calculé ?

Le SRISK repose sur trois ingrédients clés :

  1. Equity : la valeur de marché des fonds propres. Plus elle est élevée, plus la banque a un coussin de sécurité.

  2. Leverage : le ratio d’endettement. Une banque très endettée sera beaucoup plus fragile face à une chute des marchés.

  3. LRMES (Long Run Marginal Expected Shortfall) : une estimation des pertes attendues sur le long terme si le marché connaît un krach (par exemple une baisse de 40 % sur six mois).

Le LRMES est généralement calculé avec des modèles statistiques comme les GARCH, qui simulent la volatilité et les scénarios de stress.

À partir de ces données, on calcule le capital shortfall : si une banque doit maintenir un ratio de fonds propres réglementaire (par exemple 8 % de ses actifs), combien lui manquerait-il en cas de crise ? C’est précisément le SRISK.

Une force unique : l’agrégation

Le SRISK ne s’arrête pas à la banque individuelle. Sa particularité est d’être agrégable : on peut additionner les shortfalls de toutes les banques d’un pays ou d’un secteur pour obtenir une estimation du capital manquant du système dans son ensemble.

Cela permet de répondre à des questions cruciales pour les régulateurs :

  • Quels pays sont les plus vulnérables à une crise globale ?

  • Quelles banques contribuent le plus au risque systémique ?

  • Combien de capital faudrait-il injecter dans le système pour éviter un effondrement ?

Un exemple concret :

Lors de la crise des dettes souveraines européennes (2011–2012), plusieurs banques affichaient des niveaux de SRISK très élevés. En d’autres termes, si les marchés avaient plongé davantage, elles auraient eu besoin de milliards d’euros de recapitalisation pour survivre.

Cet indicateur a ainsi permis de mettre en lumière des fragilités structurelles, parfois invisibles avec les mesures classiques de risque.

Pourquoi c’est important aujourd’hui

Le SRISK n’est pas seulement un outil académique. Il influence directement la régulation financière et les politiques de stabilité. En Europe comme aux États-Unis, il est utilisé pour orienter les stress tests, définir les exigences de capital, et surveiller les banques dites “systémiques” (celles dont la faillite aurait un impact majeur sur l’économie mondiale).

En résumé, le SRISK apporte une vision claire : il ne s’agit pas seulement de mesurer le risque individuel, mais de savoir qui met le système en danger et de combien de capital le système aurait besoin en cas de tempête.

Conclusion

La finance moderne n’est pas seulement une affaire de rendement, c’est avant tout une question de solidité collective. Le SRISK traduit cette idée de façon simple : une banque n’existe jamais seule, elle est reliée à tout un écosystème. En mesurant le capital manquant en cas de tempête, cet indicateur éclaire les zones de fragilité et permet aux régulateurs d’anticiper. C’est une manière d’éviter que l’histoire de 2008 ne se répète, avec des institutions “trop grandes pour faire faillite” mais en réalité trop fragiles pour résister seules.