L’ISEP Alumni a organisé le Jeudi 22 février 2018 une conférence animée par Nicolas Genko (CTO LoyaltyCoins) autour de la problématique des blockchains. Cette conférence a permis de rappeler ou de présenter, pour les personnes qui n’étaient pas encore familières avec cette technologie, les éléments clefs du blockchain.
Une blockchain, c’est :
Une base de données distribuée décentralisée dont les blocks sont chainés
Un réseau Peer to Peer
Un système de cryptage asymétrique (permettant de générer des clefs publiques et clefs privées
Un système de consensus
Lors de la phase de validation, une puissance de calcul très importante est nécessaire afin de vérifier la validité du block. La puissance de calcul est fournie par les serveurs connectés au réseau.
Suite à cette validation la base de données est mise à jour avec le nouveau bloc. Ce bloc est chainé au bloc précédent. Les données étant publiques, l’ensemble des acteurs connectés a accès à l’intégralité de l’historique.
Pour garantir que les données n’ont pas été insérées frauduleusement, une « proof of work » est insérée, il s’agit de la résolution d’un problème de cryptologie.
Dès qu’un mineur (machine ou serveur) a obtenu la résolution de ce problème, il insère le bloc afin qu’il soit validé.
Si une majorité des mineurs approuve ce bloc, alors ce consensus permet l’insertion dans la blockchain.
Base de données distribuée décentralisée dont les blocks sont chaînés
Réseau Peer to Peer
Un réseau Peer to Peer est un modèle de réseau informatique où chaque client est aussi un serveur. Les données sont transférées directement entre les serveurs connectés sans passer par un serveur central.
Cryptage asymétrique
Le cryptage asymétrique consiste à pouvoir écrire avec une clef et pouvoir lire avec une autre clef.
L’unicité de la possession de la clef en écriture garantie l’identification de la personne qui a écrit dans un bloc.
Les personnes en possession de la clef de lecture peuvent lire le message mais pas le modifier, cela garantie la non répudiabilité des informations publiées.
La clef de lecture sera publique si la blockchain est publique et réservée à un certain nombre d’acteurs si la blockchain est privée.
Système de consensus
Le système de consensus où les membres connectés valident les blocs permet d’instaurer une confiance systémique (tant qu’aucun acteur du système ne détient plus de 50% des nœuds ou qu’il n’y a pas entente entre un groupe d’acteurs qui détiendrait plus de 50% des nœuds).
L’aspect non centralisé de la blockchain est également un élément central de la confiance.
Principe du minage
Il existe actuellement 2 principaux types de minage :
proof-of-work (preuve de travail) : méthode qui demande aux utilisateurs d'exécuter plusieurs fois les algorithmes de hachage selon des algorithmes pour valider les transactions électroniques
proof-of-stake (preuve d'enjeu) : la preuve d'enjeu demande à l’acteur de démontrer la possession d'une certaine quantité de crypto-monnaie pour prétendre à pouvoir valider des blocs supplémentaires dans la chaîne de bloc.
Notion de Smart Contract
Les Smart Contracts sont des protocoles informatiques qui facilitent, vérifient et exécutent la négociation ou l'exécution d'un contrat. Les clauses contractuelles deviennent donc inutiles car, in fine, le code devient le contrat. Conceptuellement l’execution du code devient légalement ce qui fait foi. C’est donc un élément très fort.
En régle Générale, les Smart Contracts ont une interface utilisateur et émulent la logique des clauses contractuelles.
Les Smart contract peuvent se matérialiser dans des blockchain.
Le smart contract le plus basique qu’on puisse trouver sera le transfert d’argent d’une contrepartie A à une contrepartie B.
Applications concrètes
Les applications concrètes des blockchains sont de plus en plus nombreuses :
Cryptocurrencies (BitCoin, ethereum, et maintenant des banques centrales s’intéressent à cette technologie, notamment la banque centrale de Russie qui projète d’émettre des crypto roubles)
Système de conversion de point de fidélité entre différentes entreprise (par exemple on pourrait transformer ses points de fidélité Carrefour en points de fidélité Casino)
Emission d’une obligation pour financer un projet
Remplacement des notaires
Avantages des blockchains
Les avantages de la blockchain sont assez évidents :
Les informations sont partagées et ouvertes envers tous les acteurs
L’ensemble des informations depuis la création de la blockchain est disponible, ce qui est extrêmement utile pour les acteurs financiers car cela signifie qu’ils partagent un même ledger, il n’y a plus besoin de rapprochements car le ledger partagé fait foi.
La conception de la blockchain en étape permet une modélisation workflow, et de facto au transfert de propriété (cash / titre)
Du fait de sa nature décentralisée, c’est-à-dire non contrôlée par une entité centrale, la blockchain permet une technologie sécurisée engendrant la confiance du fait que les règles sont soumises à un consensus.
Du fait que les données soient répliquées dans de multiples nœuds, les données deviennent théoriquement infalsifiables car on ne peut modifier toutes les données dans tous les nœuds simultanément
Inconvénients des blockchains
Les intervenants de la blockchain sont identifiés par des clefs cryptologiques en écritures mais on ne peut empêcher un individu d’avoir n clefs et donc d’avoir de l’emprise sur le marché de manière cachée ou de s’associer à un groupe d’intérêt pour avoir une emprise non visible
La difficulté à identifier les intervenants dans les blockchains publique peut servir au blanchiment, notamment en démultipliant les clefs en écritures pour démultiplier les flux
Le système de consensus « proof of work » est extrêmement énergivore, cette consommation devient un réel frein à l’heure où l’impact énergétique devient un enjeu économique majeur (le proof-of-stake est à contrario peu énergivore).
Concept de Multi signature
Le concept de mutti signature est un nouveau concept dans la blockchain où la transaction doit être validée par au moins 2 acteurs.
La transaction est envoyée par la contrepartie A à la contrepartie B et à un tiers de confiance C.
Pour que la transaction soit effective, elle doit être validée par au moins 2 acteurs.
A envoie des coins à un pot commun de 3 adresses: A, B et C (tiers de confiance).
Deux adresses sur trois peuvent débloquer les fonds.
Ainsi, A et B peuvent débloquer les fonds pour les envoyer à B, dès que B a fourni son produit/service à A.
L’acteur C n’est utilisé qu’en cas de conflit entre A et B.
Le blockchain une technologie de rupture ?
Pour l’industrie financière, une bonne part de la complexité réside
Dans l’hétérogénéité des ledgers et dans l’absence de vision globale de la chaîne d’intermédiaire, cela oblige à procéder en permanence à de nombreux et coûteux rapprochements
Dans l’absence de confiance qui oblige à couvrir excessivement la moindre opération financière
Dans un cadre où les normes imposées par les régulateurs obligent à rationnaliser l’industrie financière et notamment l’identification des tous les acteurs, la technologie de blockchain pourrait bien devenir une technologie majeure du transfert de propriété.
Un frein à la mise en œuvre de cette technologie sera très certainement la capacité de l’industrie financière à aller jusqu’à ce degré d’intégration d’entreprises dépendant de normes nationales hétérogènes.
Un autre frein peut être également la capacité à conserver la confiance. C’est un élément critique fort notamment vis-à-vis des crytpo monnaie. Néanmoins, il est à noter que 90% de la masse monétaires est dématérialisée et qu’un billet de 50€ n’a pas en tant que tel de valeur autre que la valeur du papier. Seule la confiance dans la banque centrale qui l’émet lui donne une valeur.
Il est néanmoins déjà des secteurs de la finance où le blockchain devient un élément structurant du business model comme par exemple les capital risqueurs, sur ce secteur d’activité, la blockchain confirme déjà être une technologie de rupture.