La start-up de cryptomonnaie, Stellar, a obtenu la certification halal à Bahreïn. Cela lui ouvre la porte à de nombreux pays qui appliquent les règles de la finance islamique.
Cryptomonnaie et religion
Ces derniers temps, une question anime les chercheurs et spécialistes de la finance islamique « les cryptomonnaies sont-elles conformes à la religion musulmane ? » en d’autres termes, sont-elles halal, c’est-à-dire licites ?
Au premier abord, on aurait tendance à répondre non puisque la finance islamique interdit la spéculation et les intérêts. Or ce n’est pas aussi évident car l’appréciation s’intéresse aux protocoles et non aux usages dérivés de certains utilisateurs.
La finance islamique est aujourd’hui estimée à 2 000 milliards de dollars à travers le monde. En 2020, ce chiffre, selon les experts, pourrait doubler et être porté à 4 000 milliards. Le développement fulgurant de ce secteur attire bien évidemment de nombreuses entreprises et notamment celles venant de cryptomonnaie comme Stellar.
Stellar et la certification halal
Stellar est un projet Open Source basé sur une blockchain hybride. Il facilite le paiement et les transports de valeurs entre actifs. Le 17 juillet dernier, Stellar a annoncé avoir reçu l’agrément de Shariyah Review Bureau, une société de conseil spécialisée dans la finance islamique et autorisée par la banque centrale de Bahreïn.
Suite à cette agrémentation, le cours de la cryptomonnaie s’est envolé de 32 %. Toutefois, comme l’explique le directeur d’un master sur les principes et pratiques de la finance islamique, Kader Merbarh, « la Shariyah Review Bureau n’est pas une structure qui fait référence dans l’ensemble du monde de la finance islamique ». Et d’ajouter « chaque pays dispose de sa propre participation de la loi coranique. (…) Rien n’assure que l’annonce de Stellar lui permettra de s’étendre partout comme l’entreprise le laisse entendre ». En effet, « il peut y avoir des réticences dans de nombreux pays car les autorités ne comprennent tout simplement pas cette nouvelle technologie ». Certains pays peuvent donc y être réticents tandis que d’autres vont être très friands de cryptomonnaie, à l’image de Dubaï qui pourrait bien devenir la première « Blockchain City ».
Une question de point de vue
Aussi, il est important de souligner que chaque cryptomonnaie a sa particularité. Par exemple, selon l’universitaire le Bitcoin est « adapté à l’islam grâce à trois de ses caractéristiques : la transparence dans les échanges qu’autorise la blockchain, l’inclusion financière des personnes pas bancarisées et le fait qu’il repose sur une économie réelle ». Pourtant le grand mufti égyptien Shawki Allam, a expliqué que faire du commerce avec la cryptomonnaie Bitcoin est illicite au regard du Coran. « Le Bitcoin peut nuire à la sécurité économique et sociale du pays. Cette monnaie virtuelle présente le risque de faire tomber le système monétaire et financier qui régit actuellement les sociétés. »
Licite ou pêché ? Halal ou haram ? L’islam définit comme monnaie « tout ce qui possède une valeur intrinsèque et dont les parties contractuelles sont satisfaites ». Savoir si le Bitcoin et les autres cryptomonnaie rentrent dans cette définition est donc sujette à l’interprétation de chacun.